Coup de force - Huit candidats soutiennent le général Randrianafidisoa

Alors qu’il est recherché, le général Randrianafidisoa bénéficie du soutien de huit candidats à l’élection présidentielle. Une caution qui sera matérialisée par l’organisation d’un meeting commun samedi à Mahamasina.
 

De g. à dr., Daniel Rajakoba, Pety Rakotoniaina, Ferdinand Razakarimanana, Ny Hasina Andriamanjato, Elia Ravelomanantsoa, Manandafy Rakotonirina, lors de la conférence de presse au Motel de Tana, hier.

Le "coup de force" de Randrianafidisoa prend une autre dimension, beaucoup plus politique. Huit candidats à l'élection présidentielle s'impliquent dans l'affaire et annoncent leur soutien au général Fidy.

Le général Randrianafidisoa obtient des soutiens inattendus. Huit candidats à l'élection présidentielle du 3 décembre annoncent leur adhésion à la démarche initiée par l'ancien directeur général de l'Office des mines nationales et des industries stratégiques (OMNIS).

"Nous estimons que l’initiative du général Randrianafidisoa est justifiée", a déclaré à la presse le candidat Pety Rakotoniaina, hier à Anosy. "En tant que militaire, il a pris ses responsabilités pour défendre la légalité, dans l’intérêt supérieur de la Nation", a-t-il continué.

Les candidats Elia Ravelomanantsoa, Ferdinand Razakarimanana, pasteur Daniel Rajakoba ou encore Ny Hasina Andriamanjato se montrent fermes dans leur position en faveur du général. "Nous n’accepterons pas que le général Fidy et les militaires qui l’ont accompagné soient poursuivis", soutient en outre Pety Rakotoniaina.

Le candidat Manandafy Rakotoniaina évoque un "problème de communication" pour expliquer le décalage entre la réponse des candidats et l'appel du général Fidy. En effet, ce dernier a déjà demandé un ralliement autour de lui, il y a cinq jours. Mais seule une poignée d'hommes politiques a répondu.


Eclat médiatique

Le candidat Manandafy Rakotonirina "a cru que la démarche du général Fidy concerne la mise en place d'un directoire militaire. Ce qui est contraire à la logique des candidats".

"Maintenant, nous pouvons franchir ensemble une autre étape. Car il s'agit d'une démarche pour la mise sur pied de la démocratie", ajoute le président du parti Mpitolona ho amin’ny fandrosoan'i Madagasikara (MFM).

Le soutien annoncé par les huit candidats au général Fidy n'est pas gratuit. Il entre dans un cadre beaucoup plus vaste. Il s'apparente à une invite aux forces armées à basculer dans le camp des candidats.

D'ailleurs, le candidat Pety Rakotoniaina ne rate pas de l'occasion pour lancer un appel "aux forces armées, mais également aux magistrats et à l'administration", selon ses termes. Le ralliement a pour objectif la "défense de la légalité", selon Ny Hasina Andriamanjato. Une défense de la légalité qui se rapporte à l'élection présidentielle du 3 décembre.

Face à la déclaration des huit candidats, le général Randrianafidisoa n'a pas encore réagi, contrairement à son habitude. Le principal intéressé n'est plus joignable au téléphone. Le général Raonenantsoamampianina, chef d'Etat-major général des Armées (CEMGAM) quant à lui, s'abstient de tout

De g. à dr. : Daniel Rajakoba, Pety Rakotoniaina, Ferdinand Razakarimanana, Ny Hasina Andriamanjato, Elia Ravelomanantsoa, Manandafy Rakotonirina, hier au Motel de Tana.

commentaire. "Une éventuelle déclaration de ma part aurait un caractère politique. Ce qui n'est pas de mon ressort", explique-t-il.
En tout cas, la prise de position des huit candidats dans le "coup de force d'Ivato" complique un peu plus le dossier. Elle ouvre un bras de fer entre les partisans du général Randrianafidisoa et le pouvoir.
Il suffit de se rappeler de la déclaration, ferme, du premier ministre Jacques Sylla au Sénat, mardi. "Tous ceux qui sont impliqués dans le coup d'éclat médiatique du général Randrianafidisoa seront poursuivis", a prévenu le chef du gouvernement.

 

Meeting - Une manifestation commune à Mahamasina
Six candidats et deux représentants de candidats se sont finalement mis d'accord sur une action commune à entreprendre. Pour montrer leur solidarité, ils ont décidé d’organiser ensemble un meeting au stade municipal de Mahamasina, samedi.


Pety Rakotoniaina, Daniel Rajakoba, Ny Hasina Andriamanjato, Ferdinand Razakarimanana, Manandafy Rakotonirina, Elia Ravelomanantsoa ainsi que les représentants de Monja Roindefo et de Philippe Tsiranana ont également appelé leurs partisans à organiser d'autres manifestations du même genre dans les autres provinces.
Aucun des candidats présents hier au Motel d'Anosy ne veut le confirmer clairement, mais l'objectif de l'alliance est de faire pression sur le gouvernement pour amener ce dernier à repousser la date de l'élection présidentielle, et inviter l'électorat à boycotter le scrutin si le gouvernement persiste à l'organiser.
"Nos manifestations consisteront surtout à expliquer au peuple que la date du 3 décembre est illégale afin qu'il ne vote pas à l'aveuglette", explique le pasteur Daniel Rajakoba. Manandafy Rakotonirina, lui, "ne veut pas cautionner le juridisme des partisans de la thèse de l'illégalité de la date du 3 décembre". Il déclare pourtant souhaiter que l'élection soit reportée. "Le temps de préparer les conditions de normalisation démocratique du pays", soutient-il.

Une plate-forme de six candidats avait déjà été mise en place la veille de l’ouverture de la campagne électorale pour demander le report de la date du scrutin. Mais l’appel n’a pas eu l’écho escompté, et chacun est parti faire sa campagne. Il a fallu la petite crise générée par le coup d’éclat du général Fidy pour renouer la solidarité.

La force de la plate-forme qui vient de se mettre en place reste encore à prouver. L'adhésion des quatre autres candidats de l'opposition n'est pas encore tout à fait acquise. S'ils sont d'accord avec les revendications, Jean Lahiniriko, Norbert Lala Ratsirahonana, Roland Ratsiraka et Herizo Razafimahaleo se sont toujours refusés à laisser Marc Ravalomanana seul dans l'arène le 3 décembre.

Le candidat du parti Asa vita no ifampitsarana (Avi) a participé à la première réunion de dimanche mais n'a pas signé la déclaration finale. L'ancien président de l'Assemblée nationale, lui, vient encore de souligner "qu'il n'est pas question de reporter la date du 3 décembre parce que c'est au cours de cette élection qu'il faut écarter Marc Ravalomanana du pouvoir".

 

Iloniaina Alain et Lova Rabary-Rakotondravony

 

Express de Madagascar du 23/11/2006