Trop libéral Le MFM?

Le chef du parti MFM Manandafy Rakotonirina, très sollicité par la presse lors des obsèques de son bras droit Germain Rakotonirainy :

« Le MFM est maintenant un parti libéral démocrate et participe aux congrès de l’Internationale Libérale Démocrate et à ceux du groupe des libéraux démocrates en Afrique ».
On méditera longtemps sur la réorientation radicale de doctrine de ce parti. Le MFM effectivement est d’origine maoïste (Manandafy Rakotonirina fut pendant longtemps le chef du parti maoïste Monima pour la province d’Antananarivo) et avait milité pour l’avènement de la dictature du prolétariat. Sentant le vent tourner à la fin des années 80, le parti jeta aux orties le combat prolétarien pour adopter un libéralisme effréné. En cela, il ne fit que suivre le parcours de son modèle, la Chine Populaire, qui opta pour le marché à la même époque sous la houlette de Deng Xiao Ping. Cette soudaine volte-face séduisit beaucoup de membres de l’intelligentsia malgache qui en vinrent à adhérer, le plus connu d’entre eux étant l’avocat d’affaires Francisque Ravony qui entama ainsi le parcours fulgurant qui allait le mener au poste de Premier ministre.

Néanmoins, suite à cette concession au « real politik », le MFM perdit la ferveur militante qui fit sa force lors de sa période prolétarienne. Le parti a réduit ses activités et a amorcé un déclin matérialisé notamment par la baisse drastique de ses membres au Parlement et à la tête des municipalités. Le MFM ayant cessé d’être un laboratoire d’intense ébullition politique, ses têtes pensantes agirent et s’illustrèrent surtout au sein de groupements extérieurs au parti, Germain Rakotonirainy au RDVR, Seramila Beza chez MAMI, Pety Rakotoniaina au KMMR et chez Tambatra etc. A quoi attribuer la décadence du MFM ? Peut-être à l’adoption d’un libéralisme triomphal qui n’a pas le souci des petites gens, lesquelles forment pourtant la masse des militants du parti. L’exemple du MFM aurait pu passer pour un modèle de souplesse politique et de faculté d’adaptation. Mais la déliquescence du parti ne peut qu’inciter les autres à se méfier des brusques revirements idéologiques.

Gdi 240104