Philibert TSIRANANA

Officiellement, M. Philibert Tsiranana est né le 28 octobre 1912 à Ambarikorano, contrée des Tsimihety, ethnie du Nord-Ouest de Madagascar (région de Majunga). Selon certains, il serait, en réalité, âgé de quelques années de plus, ayant été « rajeuni » pour pouvoir entrer à l'école primaire après le décès de son frère aîné, car, fils d'humbles paysans, seul l'aîné de la famille pouvait fréquenter l'école.

Ayant achevé ses études primaires, il entra à l'école régionale d'Analalava puis à l'école normale d'instituteurs de Tananarive d'où il sort diplômé en 1930. En 1946, il continue ses études à l'école normale de Montpellier et adhère à la S.F.I.O. dont le caractère de socialisme modéré l'attire par sa similitude philosophique avec les conceptions du paysan malgache. Il semble avoir hérité du « tempérament propre de ces sédentaires récents qui ont gardé de leurs origines le goût de la liberté et de la démocratie de clan

En 1946, il est l'un des fondateurs du parti des déshérités de Madagascar (PA.DES.M.). Cette formation, appuyée par l'administration coloniale, était, en fait, surtout destinée à contrebalancer l'influence grandissante du nationalisme malgache àtravers le M.D.R.M. Pendant les événements insurrectionnels de 1947, M. Tsiranana se trouve en France et peut ainsi garder un certain recul par rapport à la rebellion.

L'année 1952 marque son retour à Madagascar. Il prend ses distances avec ceux des dirigeants du PA.DES.M. qui sont inféodés à l'administration et aux colons et se rapproche des nationalistes modérés partisans de l'autonomie de l'île.

En 1956, il est élu député et s'apparente à la S.F.I.O. A ce titre, il intervient pour demander l'abrogation de la loi « d'annexion ». Chargé de réorganiser la fédération malgache de la S.F.I.O. avec l'aide du syndicaliste Georges Bourrel, il fonde, en 1956, à partir des sections locales de celle-ci, le parti social démocrate de Madagascar (P.S.D.).

Candidat en 1959 à la Présidence de la République Malgache contre M. Norbert Zafimahova, président de l'Assemblée, son élection est favorisée par une ascension politique qu'a facilitée l'arrivée à Madagascar de M. Soucadeaux comme haut-commissaire.

Dans la période 1956 à 1960, il amène son parti à se prononcer tour à tour pour l'autonomie de Madagascar, l'Etat libre et l'indépendance. De chaque période: loi-cadre, République autonome, indépendance, il utilise les ressources qu'elle donne.

En 1960, il gratifie son parti de l'auréole de son prestige de Père de l'indépendance malgache qui a fait entrer son pays à l'O.N.U. et a rendu à la patrie les trois députés M.D.R.M. martyrs de la cause patriotique.

Chef de l'Etat depuis 1960, les événements insurrectionnels de mai 1972 provoqueront sa chute. Après une période de prostration, M. Tsiranana fondera, avec M. Resampa, le P.S.M. (parti socialiste malgache), fusion du P.S.D. et de l'U.S.M. en 1974.

En 1975, M. Tsiranana, face au climat politique, propose la création d'un « conseil des sages » sous sa présidence, puis, suite à une fin de non-recevoir, refuse de mener campagne pour M. Ratsiraka, après l'investiture de ce dernier par le directoire militaire. Dès lors, le P.S.M. est dissous et M. Tsiranana n'exercera plus, jusqu'à son décès, le 16 avril 1978, d'activité publique.

André RESAMPA

Né en 1934 dans une famille d'éleveurs Sakalava de Menabe (région de Tuléar), André Resampa fait ses études secondaires à l'école de Morondava et devient écrivain interprète. Après avoir obtenu sa capacité puis sa licence en droit, sa rencontre avec M. Tsiranana en 1952 l'amène à entrer en politique.

Il participe, en ce sens, à la fondation du parti social démocrate en 1956. En 1959, il fait partie de la délégation malgache négociant l'indépendance.

Sous la Première République, ses postes de Secrétaire général du P.S.D. et de ministre de l'Intérieur le feront considérer comme le dauphin du Président Tsiranana. Toutefois, il est écarté du pouvoir par les factions rivales du parti et arrêté en juin 1971 pour « complot contre la sécurité de l'Etat ». Libéré après les événements de mai 1972, il crée l'union socialiste malgache (U.S.M.) qui remplace le P.S.D. au sein de l'internationale socialiste.

Bien qu'ayant soutenu le général Ramanantsoa lors du référendum doctobre 1972, il s'oppose par la suite et de la manière de plus en plus violente aux autorités. En 1974, il se rallie tactiquement à M. Tsiranana et fonde le parti socialiste malgache par fusion du P.S.D. et de l'U.S.M. En décembre 1974, il se trouve impliqué dans la tentative de coup d'Etat militaire et se présente au nombre des accusés lors du procès tentant d'éclaircir les causes de l'assassinat du colonel Ratsimandrava. Il bénéficie toutefois d'un non4ieu mais reste écarté de la vie politique avec son parti à la suite des élections de 1975, ayant refusé tout ralliement sur la personne de M. Ratsiraka.

Si certains groupes politiques se réclament encore de lui

aujourd'hui, un état de santé chancelant ne lui permet guère de

se situer désormais en « réserve de la République ».

Enfin, optant pour une solution politique de compromis, de

nombreux hommes politiques, hier ralliés à M. Resampa, ont

maintenant rejoint 1'A.RE.MA. ou le Vonjy.