MANIFESTE DE L'OPPOSITION (Cellule de Crise)

1. DÉCLARATION COMMUNE

2. THEMES DU DÉBAT NATIONAL

2.1. DE LA CONSTITUTION

2.2. DU CODE ÉLECTORAL

2.3. DE LA RÉGIONALISATION / DÉCENTRALISATION

2.4. DES SCENARII DE DÉVELOPPEMENT ET DE LA VISION DE « MADAGASCAR EN L’AN 2030 »

Notre Stratégie du Développement s’appuie sur les Études Nationales de Perspectives à Long Terme (NLTPS), commanditées en 1996 par le Secrétariat d’Etat à l’Economie et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et communément appelées « MADAGASCAR : Vision 2030 ».

Le document « Madagascar : vision 2030 » est le fruit de plusieurs semaines de travail d’une trentaine d’experts nationaux pluridisciplinaires représentatifs de divers secteurs (publics, privés et associatifs) et de diverses régions géographiques.

Il fera l’objet d’un débat national impliquant le Gouvernement, le Parlement, les collectivités décentralisées, la société civile, les organisations et les associations diverses et d’une manière générale toutes les sensibilités politiques, sociales et religieuses du pays.

Les résultats de ces concertations ainsi que les études et recherches complémentaires qui seront entreprises permettront d’en compléter, ajuster et approfondir les propositions, réflexions et conclusions initiales.

Nous reproduisons ci-après un large extrait des résultats de cette étude.

Début de l’extrait :

<< D’un côté, notre capacité plus ou moins grande à tenir compte du contexte général lié à la détermination des aspirations nationales, à exploiter les opportunités et les faits porteurs d’avenir, à canaliser nos forces et à corriger nos faiblesses pour pouvoir faire face aux menaces, et de l’autre, l’évolution non maîtrisable de l’environnement national et international dans plusieurs directions constituent autant d’incertitudes critiques, dont l’impact peut être structurant et décisif quant à la multiplicité de futurs possibles pour Madagascar.

Pour construire un futur souhaitable pour tous les malgaches, il s’avère indispensable de cerner le champ de ces futurs possibles grâce, en particulier, à la formulation d’hypothèse concernant ces incertitudes critiques lesquelles sont généralement d’ordre politique et interne ou liées à l’environnement international. A partir de ces hypothèses, seront construits des scénarii conçus comme des successions d’événements logiques faisant évoluer la situation présente à la situation future. L’examen de ces scénarii concomitamment avec les aspirations nationales permet d’avoir une vision réaliste, crédible, attrayante et acceptable par tous, sur le futur du pays.

A. HYPOTHESES SUR LES INCERTITUDES CRITIQUES

Deux incertitudes critiques ont été retenues à savoir : le processus démocratique à Madagascar, et l’environnement économique mondial. Chacune de ces incertitudes critiques fait l’objet de deux hypothèses dont l’une est favorable et l’autre défavorable. Le choix de ces deux incertitudes critiques découle de deux considérations : d’une part, Madagascar ne pourra être que la résultante de forces et de paramètres extérieurs sur lesquels nous n’avons que peu d’influence, et d’autre part, de facteurs internes dont l’élément décisif est le processus démocratique. Il faut cependant noter que, si nous ne pouvons pas agir directement sur les contraintes internationales, celles-ci nous donnent, par contre, un cadre d’action dans lequel nous disposons d’une marge de manœuvre pour agir dans un sens ou dans un autre.

1. SUR L’EVOLUTION DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE

Le processus démocratique tel que décrit dans les faits porteurs d'avenir est appréhendé sous deux angles, (i) en tant que mode de gouvernance devant déboucher sur une amélioration effective du niveau de vie de chaque individu, et (ii) en tant que mode de mobilisation de la population, en vue de créer une synergie de groupe à effets multiplicateurs et d'entraînement. L'évolution du processus démocratique et notamment sa capacité ou non à répondre aux deux préoccupations ainsi évoquées peut alors créer des conditions favorables ou défavorables au développement économique et social du pays.

Dans l'hypothèse favorable, il y aurait l'enracinement du processus démocratique et une mobilisation sociale effective se traduisant par les caractéristiques suivantes:

· un contrat social global accepté par tous;

· des gouvernements compétents et responsables ayant le sens de l'éthique et de l'État;

· un État de droit créant un cadre juridique fiable et transparent, favorisant l'initiative économique privée, et définissant des règles et des normes de la vie en collectivité qui soient observées par tous (aspect/application des lois);

· une gestion saine et transparente des affaires publiques grâce à des Institutions qui fonctionnent correctement (séparation des pouvoirs), une presse libre, indépendante et professionnelle et aussi une société civile organisée, vigilante prévenant les abus et contrôlant la gestion publique;

· une Administration publique, professionnelle, techniquement compétente et responsable ayant le sens du service public et soumise à l'obligation de résultats, et capable d'assurer la sécurité des personnes et des biens;

· les collectivités décentralisées fonctionnant efficacement et favorisant la participation active des communautés de base à la prise de décisions les concernant;

· une adhésion et une mobilisation effective de l'ensemble de la population pour relever les défis du développement et de la transformation de notre société.

 

Dans l'hypothèse défavorable, il y aurait blocage du processus démocratique et démotivation générale de la population provoquant un "schisme" social entraînant l'émergence d'un pouvoir totalitaire. Les conséquences seraient les suivantes:

· politisation de tous les secteurs, incompétence et inefficacité des gouvernants, pratique d'un populisme exacerbé;

· organisation de mascarades d'élections pour "légitimer" un pouvoir personnel sans partage et réduisant le citoyen au statut de sujet;

· rétablissement de la censure inféodant les médias à la voix du maître;

· absence de mécanismes d'interpellation du pouvoir et de recours des citoyens contre l'arbitraire et l'injustice;

· une Armée et une Police au service d'un Pouvoir essentiellement répressif;

· une Administration inopérante, sclérosée, sans esprit de discipline, corrompue et ayant perdu toute notion d'éthique et de l'intérêt général;

· cohabitation de deux mondes qui s'affrontent: ceux qui gravitent autour du Pouvoir et ceux qui sont tenus en marge;

· développement du clientélisme politique et accaparement de pouvoirs locaux par certaines féodalités locales, travestissant ainsi l'esprit de la décentralisation;

· isolement total de Madagascar par rapport au reste du Monde.

 

2. SUR L’EVOLUTION DE L’ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

L’évolution de l’environnement international représente aussi une incertitude critique. Déjà évoquées les tendances actuelles à la mondialisation et à la mobilisation des échanges ainsi que la constitution de blocs régionaux pourraient être mises à profit dans la mesure où Madagascar mettrait en œuvre des politiques proactives cohérentes susceptibles de maximiser ses forces et de corriger ses faiblesses. De telles actions entreprises de façon cohérente et au moment opportun pourraient nous aider à mieux faire face aux défis de l’évolution de l’environnement international qu’il faut relever. L’attitude contraire qui consiste à se résigner, donc à subir les conséquences du contexte mondial ne pourrait que nous conduire dans une situation de marginalisation accentuée préjudiciable au développement de notre économie. Toutefois, il y a lieu de ne pas perdre de vue l’évolution de l’environnement international qui peut s’accélérer à des rythmes plus rapides que prévus et prendre différentes directions qui peuvent nous être favorables ou défavorables et sur lesquelles nous pourrions ne pas avoir une emprise totale. Deux hypothèses sont donc à entrevoir : l’une favorable et l’autre défavorable.

L’hypothèse favorable se rapporte à l’apparition de situations ou de conditions favorables à une croissance économique mondiale durable, sur laquelle Madagascar peut s’appuyer. Ces situations ou conditions sont les suivantes :

- paramètres monétaires et financiers stables, taux d’intérêt à long terme attractifs (meilleur équilibre de l’épargne et de l’investissement) permettant aux fonds publics et privés de s’investir ;

- grande mobilité des biens et capitaux et en même temps coordination internationale efficace pour annihiler les effets perturbateurs des énormes masses financières issues des trafics de narcotiques qui sont blanchies dans les circuits financiers internationaux ;

- évolution corrélative du développement des technologies et de leur accessibilité créant de nouveaux avantages comparatifs et des opportunités de valorisation des matières premières pour des pays comme Madagascar ;

- efficacité de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans son rôle de force de régulation du commerce international, aussi bien dans le sens Nord/Nord que Nord/Sud et Nord/Est ;

- émergence du Continent Africain en tant que force économique, d’abord grâce à la réussite des Programmes d’Ajustement Structurel et ensuite, par la concrétisation de la volonté politique des dirigeants à prendre les mesures adéquates pour développer la coopération entre les pays africains et renversant ainsi les tendances actuelles de la marginalisation de l’Afrique ;

- émergence dans le contexte régional de Madagascar, à savoir l’Océan Indien, d’une volonté politique réelle des dirigeants de jouer la complémentarité, l’effet de groupe et de mettre en place un véritable espace économique régional ;

- ouverture de Madagascar vers de nouveaux partenaires financiers et commerciaux (Asie du Sud-Est, Corée du Sud, Japon) sur base de l’équilibre des échanges entre ces partenaires et Madagascar ;

- développement d’une conscience environnementale mondiale stricte ouvrant de nouveaux créneaux porteurs pour le pays.

L’hypothèse défavorable réunit les conditions ou situations caractérisées par l’émergence d’un ordre économique mondial plus marginalisant pour les pays en développement et dont les conséquences peuvent être schématiquement décrites comme suit :

- la pression toujours plus grande des demandes d’investissements dans des pays nouvellement industrialisés va entraîner une instabilité financière, le renchérissement des taux d’intérêt et le développement à grande échelle de la spéculation ;

- les progrès technologiques sont tels que nous ne parvenons pas à les maîtriser et que nos produits d’exportation subissent une concurrence de plus en plus forte ;

- l’incapacité de l’OMC à jouer un rôle régulateur entraîne des « guerres commerciales » inter-blocs dans lesquelles Madagascar n’a aucun rôle actif et se retrouve complètement marginalisé ;

- la dynamique de marginalisation du bloc africain continue, et les nouveaux accords du GATT bénéficient beaucoup plus aux économies déjà restructurées et/ou en phase de décollage comme celles de certains pays d’Asie, d’Amérique latine ou de l’Europe de l’Est ;

- la marginalisation de Madagascar s’accentue du fait de l’amoindrissement de son poids économique et politique sur le plan international, de ses difficultés économiques et financières et de son insolvabilité de sorte qu’elle est classée parmi les pays jugés « irrécupérables » par la communauté économique dominée par le G7 ;

- dans leurs relations économiques avec l’extérieur, ces pays classés d’irrécupérables sont sous la domination d’une sous-puissance régionale ;

- l’écart entre les économies du Nord et le reste du monde est d’autant plus profond que l’économie de la drogue et du trafic international des armes se développe à grande échelle et entraîne le clientélisme politique et la déliquescence généralisée des populations des pays mal organisés sans beaucoup de moyens de défense comme Madagascar.

B. LES SCENARII SUR LE FUTUR DE MADAGASCAR

Trois scénarii qui font appel à des représentations imagées, selon les techniques de prospective, ont été élaborées à partir des combinaisons des hypothèses sur les incertitudes critiques ci-dessus décrites.

1. LE SCENARIO « Le Paquebot de croisière »

Le scénario I optimiste résulte de la combinaison de deux hypothèses, à savoir une bonne gouvernance et un environnement économique international favorable, dont la représentation imagée est « un paquebot de croisière qui prend la mer », avec à son bord l’équipage, l’équipement et tous les atouts nécessaires. Ce paquebot atteint rapidement son rythme de croisière, ce qui signifie que les conditions d’une croissance économique rapide sont remplies. Il maintient ainsi son cap (taux de croissance économique soutenu et durable de l’économie) et arrive à bon port en 2030 avec la réalisation des aspirations y compris les objectifs du Développement Humain Durable : la répartition équitable des fruits de la croissance, le plein épanouissement des citoyens, l’atténuation des inégalités sociales, l’éradication de la pauvreté, le développement harmonieux des villes et des campagnes, la régénération de l’environnement et la reconnaissance du pays dans le concert des nations grâce à son dynamisme, à son rôle économique et politique ainsi qu’à son rayonnement culturel.

Ce scénario évoluerait selon les trois séquences ci-après :

La première séquence s’étale sur la période (1996-2000) qui voit la renaissance de l’enthousiasme populaire malgache. Le paquebot prend la mer dans de bonnes conditions atmosphériques (mer calme, temps ensoleillé, vent favorable) et avec un équipage performant.

Durant cette période, les affaires publiques sont gérées avec efficacité, avec comme principal souci la satisfaction des besoins des citoyens en ce qui concerne notamment les services de base et la protection de leurs personnes et de leurs biens. Sont placés aux différents rouages de l’appareil étatique des femmes et des hommes intègres et compétents adoptant une démarche respectueuse de l’Etat de droit, des droits de l’homme et de la libre entreprise.

Toutes les Institutions de la troisième République seront mises en place, les collectivités territoriales ont l’autonomie budgétaire et les ressources humaines et financières nécessaires à la bonne exécution de leur mission. Toutes les échéances électorales seront respectées et les règles de gestion du pouvoir visent à assurer le maximum de transparence. Une presse libre et indépendante et une société civile dynamique assume leur rôle de contre pouvoir.

Une Administration moderne et performante est mise en place, animée par des fonctionnaires compétents et motivés. Le sens de service public et l’éthique de l’Etat sont rétablis comme critères de nomination aux différents postes de responsabilité. Des réformes sont entreprises pour mieux définir les attributions de chaque département ministériel, faciliter une meilleure coordination de leurs activités et développer le sens de l’initiative et de l’innovation dans une Administration de développement tenue par l’obligation des résultats.

Dans l’ensemble, la bonne gouvernance ainsi mise en place contribue à la restauration de la sécurité aussi bien en ville qu’à la campagne et incite la population toute entière à participer à la conception et à la mise en œuvre de programmes d’actions hardies et novatrices, visant à terminer positivement ce 20ème siècle, et à réunir les conditions permettant de relever efficacement les grands défis du 21ème siècle.

Ainsi les accords avec les Institutions de Bretton Woods auront été concrétisés, et les réformes relatives au redressement économique et financier par l’accélération du taux de croissance de l’économie auront été mises en œuvre. On note parmi ces mesures : la réduction du déficit budgétaire, le contrôle de l’inflation, le maintien d’un taux de change réaliste et d’une balance de paiements viable, la promotion du secteur privé et l’ouverture contrôlée vers l’extérieur. Figurent aussi parmi ces mesures, la mise en place d’un cadre juridique et administratif adapté et d’un cadre logistique et financier adéquat contribuant à la mise en œuvre efficace de différents programmes aussi bien en milieu urbain que rural.

Des mesures de promotion de l’épargne nationale sont prises, et un climat propice à l’investissement étranger est créé. Cela permettra, en particulier, de réaliser tous les investissements nécessaires dans le domaine des ressources humaines notamment tout ce qui touche l’éducation, la santé, le logement… De même les infrastructures de transports (aériens, maritimes, routiers et ferroviaires), de communication et télécommunication sont restaurées permettant ainsi les activités de production et de service…

Toutes ces mesures contribuent à restaurer la crédibilité de Madagascar vis-à-vis de l’extérieur et à assurer l’exploitation optimale de ses ressources naturelles entraînant des taux de croissance : supérieur à 4% dans le secteur agricole, d’environ 10% dans le secteur industriel, de plus de 6% dans le secteur de services et de plus de 6% au niveau global.

Cette croissance de l’économie au niveau global et sectoriel permettra un développement harmonieux des villes et des campagnes ainsi que la réduction significative de la pauvreté ; ce qui suscite l’enthousiasme du peuple et motive à contribuer davantage à la réalisation des objectifs de développement économique et social.

Le paquebot de croisière maintient le cap : une ambiance saine règne à bord, « la terre d’espoir » se profile à l’horizon.

La deuxième séquence s’étend de l’an 2001 à 2010. C’est « le 21ème siècle de l’espoir et de la dignité ». Les reformes économiques se poursuivent, la croissance s’accélère et tend vers la réalisation des objectifs de Développement Humain Durable.

Les conditions de développement d’une économie libérale basée sur la diversification de la production et des exportations, le dynamisme du secteur privé et l’amélioration de la productivité dans tous les secteurs sont remplies. L’amélioration du système éducatif, mettant l’accent sur une formation professionnelle adaptée, la passion de l’excellence et la culture du travail et du développement constituera une grande priorité. La dynamisation des arts et de la culture traditionnelle ainsi que la promotion du capital humain et du capital social motivent toutes les couches de la population à jouer un rôle fondamental dans la réalisation effective des objectifs du Développement Humain Durable.

La politique d’ouverture sur l’extérieur, la promotion de l’initiative privée, le développement de l’épargne nationale permettent d’augmenter le taux d’investissement aux environs de 40% du PIB. Cela contribue à achever les grands travaux nécessaires à la restauration des infrastructures socio-économiques qui entraînent ainsi la dynamisation de la production et favorisent la satisfaction des besoins fondamentaux de toutes les couches de la population.

Le taux de croissance réel de l’économie se situe au cours de cette période autour de 10%. Les programmes de planning familial permettent d’abaisser le taux de fécondation et maintenir le taux de croissance démographique autour de 2,8% faisant passer l’effectif de la population à 23 millions d’habitants en l’an 2010.

Les conditions de vie de la population s’améliorent et le niveau de PIB par habitant, en termes réels, dépasse nettement celui de 1971. Le taux de chômage est fortement réduit dans de grandes proportions et la majorité de ménages ont accès à un logement décent et à l’eau potable. L’environnement est régénéré grâce en particulier à la maîtrise des feux de brousse. Les maladies endémiques sont enrayées, et la sécurité alimentaire assurée. Les disparités régionales et les poches de pauvreté disparaissent. Les diverses composantes de la population cohabiteront en paix et en harmonie dans toutes les régions du pays. Telle est cette « terre d’espoir », étape avant la destination finale où le paquebot de croisière accoste à l’aube de l’an 2010.

La dernière séquence (2011-2030) « Madagascar puissance régionale » voit le pays changer complètement de visage. Le plein emploi est assuré grâce aux mesures liées au développement des activités de production et au contrôle ou plutôt à la régulation de la croissance démographique. L’effectif de la population se situe autour de 36 millions d’habitants en l’an 2030 et le PIB par habitant ajusté, en termes réels, atteindra 3000$.

Ceci résulte de l’exploitation optimale des ressources naturelles, de l’efficacité de l’Administration, du dynamisme du secteur privé, de l’enthousiasme populaire et de son adhésion à la poursuite efficace de la réalisation des objectifs du Développement Humain Durable.

Le paquebot de croisière arrive ainsi à bon port en 2030 et toutes les aspirations nationales dont notamment l’efficacité du Développement Humain Durable sont réalisées.

2. LE SCENARIO II « Le boutre »

Le scénario II, à l’opposé du premier, est construit à partir de la combinaison de l’hypothèse défavorable relative au blocage du processus démocratique et de celle afférente à un environnement économique international marginalisant. Il s’identifie à l’image d’un boutre à la dérive, nommé « Madagascar ». Ce scénario catastrophe n’est pas désirable. Il est en effet à l’image d’un boutre qui prend la mer sans préparation ni plan de voyage. Ce boutre se trouve ainsi à la merci des vagues, harcelé par les pirates risquant à tout moment de chavirer.

Ainsi, le pays qui n’arrive pas à concrétiser les accords avec les Institutions de Bretton Woods, et n’a pas non plus de programmes précis et cohérents pour son redressement économique, financier et social, ne connaît aucune amélioration de sa situation et sombre progressivement. Ce scénario n’est pas qu’une vue exagérément pessimiste de l’esprit car il risque de devenir la réalité si des mesures ne sont pas prises et les réformes nécessaires en vue de pallier aux difficultés actuelles ne sont pas prises en temps opportun.

On peut distinguer dans ce scénario deux périodes essentielles, la première allant de 1996 à l’an 2000, et la seconde allant de l’an 2011 à l’an 2030 au cours de laquelle , la croissance économique serait insignifiante et un pouvoir autoritaire serait instauré. L’implantation de ce pouvoir se ferait progressivement pendant une période intermédiaire, allant de l’an 2001 à l’an 2010.

La première séquence (1996-2000), voit le boutre prendre la mer dans des conditions météorologiques difficiles avec un équipage non performant et non solidaire, laissant présager un voyage tumultueux et sans beaucoup d’espoir d’arriver à bon port. S’agissant de Madagascar, notre pays- où les dirigeants ne parviennent pas à prendre les décisions qui s’imposent pour asseoir l’économie sur des bases saines et réunir les conditions d’une dynamisation des activités de production, de commercialisation et de service et où l’enthousiasme et l’adhésion populaires aux efforts de développement feraient défaut - verrait sa situation actuelle s’empirer progressivement.

Les Institutions de la 3ème République se mettent difficilement en place, et l’élection présidentielle prévue pour l’année 1998 se tiendra dans des conditions tumultueuses.

Madagascar poursuit ses négociations avec les Institutions de Bretton Woods mais du fait des tergiversations des dirigeants à s’entendre, ces négociations n’aboutissent pas. L’appui financier des bailleurs de fonds continue à diminuer en volume, et les crédits ne sont plus accordés qu’au compte goutte. L’endettement et le service de la dette pèsent plus lourd.

Plus de 130 millions $US sont transférés vers l’extérieur chaque année, ce qui reste malgré tout inférieur au service programmé de la dette d’où des pressions toujours plus fortes exercées par ses créanciers.

La polémique devient de plus en plus vive autour des emprunts non confessionnels communément appelés financements parallèles, lesquels sont perçus par certains dirigeants comme bouée de sauvetage. Les termes de l’échange se détériorent du fait de la hausse des prix des produits importés et de la stagnation sinon la baisse des prix de nos produits d’exportation, et ce, d’autant plus que les nouvelles technologies permettent aux pays développés de créer des substituts à nos matières premières.

Le pays ne parvient pas à consolider la démocratie tant réclamée en 1991 par la majorité des sensibilités politiques, sociales et religieuses. La concrétisation de la décentralisation est rendue difficile, faute de moyens humains et matériels, mais aussi de volonté politique réelle.

Dans le domaine économique, l’agriculture vivrière est réduite à un niveau d’autosubsistance toujours plus précaire à cause de la baisse constante du pouvoir d’achat des ménages et de l’insécurité persistante dans les campagnes.

Les ruraux continuent à grossir les rangs des sans abris dans les centres urbains, laissant ainsi à l’abandon des zones entières de culture.

En d’autres endroits, les paysans se sentant abandonnés par l’Etat, persistent pour leur propre survie dans leurs pratiques culturales ruineuses pour l’environnement.

Par ailleurs, les pouvoirs publics minés par des contradictions internes n’arrivent pas à instaurer une gouvernance acceptable. Cette situation a, en particulier, comme conséquences l’inefficacité de l’Administration, les carences de l’Etat à assurer les services de base ainsi que l’extension des feux de brousse, ces derniers étant une des manifestations du mécontentement de la population.

Les chômeurs qui n’ont pu trouver d’emplois ni dans la Fonction publique, ni dans les zones franches se lancent dans le secteur informel y compris le micro-commerce, qui pour la plupart d’entre eux, est une forme de chômage déguisé. De fait, les difficultés de la conjoncture économique et sociale ont comme conséquence la fragilisation progressive de ces secteurs.

Quant au secteur privé, affaibli par l’absence de mesures pertinentes et concrètes en temps opportun pour faire face à la concurrence internationale, il commence à péricliter. Beaucoup d’unités de production notamment celles tributaires des intrants extérieurs font faillite.

Dans les villes, les infrastructures réhabilitées pendant la première moitié des années 90 commencent à se dégrader, la recherche de logement urbain est de plus en plus difficile et les efforts pour éradiquer les habitats illicites sont abandonnés. De plus, les services municipaux manquent de moyens pour assurer les travaux de voirie accentuant ainsi le délabrement des villes et le laisser-aller général quant au respect des normes d’hygiène et de propreté.

Dans le domaine technologique et scientifique, la recherche stagne, les innovations viennent généralement de l’extérieur, faute de soutien aux initiatives locales pour développer le savoir-faire des nationaux. Dans l’incapacité de tirer avantage des nouvelles technologies, faute de moyens et de préparation adéquate, le pays voit se multiplier ses handicaps dans les différents domaines de la production, de la commercialisation et des services.

L’absence de mesures concrètes et d’une politique nationale cohérente de population empêche de contenir la croissance démographique. Ainsi en l’an 2000, l’effectif de la population avoisine les 15,8 millions d’habitants. Dans le même temps, le PIB continue à baisser en termes réels entraînant une paupérisation accélérée de larges couches tant urbaines que rurales.

Ainsi, en cette fin du 20ème siècle, la fracture sociale se précise à Madagascar, la culture et l’éducation ne sont pas des priorités, et les efforts en vue de la promotion du Développement Humain Durable, initiés à partir des séminaires-ateliers sur le Développement Humain Durable et les Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme, et de l’atelier de formation aux techniques de prospective et de formulation de « Madagascar :vision 2030 », n’enregistrent aucun résultat concret du fait du manque de volonté politique réelle de la part des dirigeants et du fait du faible engagement de la société civile.

Instabilité économique, instabilité politique, insécurité généralisée, producteurs livrés à eux-mêmes, crises sociales aiguës liées à la paupérisation généralisée et à l’insécurité, montée des révoltes,… telles sont les caractéristiques de la situation de Madagascar en cette fin du 20ème siècle, dont l’image est celle d’un boutre aux prises avec la furie des vagues.

La seconde séquence (2001-2010) :  «  la furie des vagues s’amplifie et le boutre risque à tout moment de sombrer » correspond à la dégradation de la situation sur tous les plans (politique, économique, social, culturel et environnemental,…), à la déliquescence du pouvoir politique et à l’éclatement de troubles sociaux graves engendrés par la paupérisation croissante de la population et la multiplication de poches de famine dans certaines régions.

D’une façon générale, l’activité économique périclite à l’exception des secteurs contrôlés directement par des firmes étrangères d’où une accentuation de la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur. La baisse tendancielle du PIB par habitant et de la consommation privée déjà constatée au cours de la période (1960-1995), se poursuit inexorablement au rythme annuel de 2%.

Avec un taux de croissance démographique de 3,7% par an, l’effectif de la population s’élève à 23 millions d’habitants en 2010. Près de 51% de cette population se concentrent dans les villes, entraînant une détérioration accrue de l’environnement urbain.

La dégradation des infrastructures socio-économiques se poursuit accentuant l’enclavement de certaines régions. Le rationnement administratif des produits de première nécessité est instauré ce qui favorise davantage la corruption.

Les bailleurs de fonds, dont l’appui financier et technique au Gouvernement en place continue à diminuer, tendent progressivement à court-circuiter l’Administration publique devenue inopérante et à traiter directement avec des ONG, bien que certaines d’entre elles mènent en réalité des activités à but lucratif dans des zones à forte potentialité économique.

La perte progressive du sens de l’Etat par les dirigeants politiques dont certains ont pour seul souci d’accéder ou de s’accrocher au pouvoir, crée un climat d’intrigues, de zizanies et de dissensions qui laisse les citoyens complètement désorientés.

Absence de toute politique de la promotion de la culture et des arts, paupérisation rampante, insécurité généralisée, exclusion et discrimination caractérisent cette première décennie du 21èmessiècle. La population déçue que la période intermédiaire 2001-2010 n’ait débouché réellement ni sur une démocratie réelle ni sur l’amélioration de leurs conditions de vie, organise des mouvements sociaux sporadiques certes mais d’une rare violence. Finalement, en l’an 2010, exaspérée par le pourrissement de la situation, le peuple fait appel à un groupe de militaires et de civils pour instaurer un pouvoir fort et autoritaire.

La troisième séquence (2011-2030) voit un navire étranger remorquer le boutre pour l’empêcher de sombrer totalement. A partir de l’année 2011, Madagascar se retrouve complètement marginalisé dans le système économique international mais de groupes d’intérêt privé étrangers auront recréé l’âge de comptoirs commerciaux pour l’exploitation de certaines potentialités économiques particulièrement juteuses.

D’une manière générale, les capitaux fuient le pays et à l’exception de quelques firmes étrangères puissantes qui auront investi dans l’exploitation des richesses du sous-sol ainsi que dans la promotion du tourisme genre « Club Méditerranée », il y aurait surtout des aventuriers s’installant dans la prostitution et le commerce de la drogue.

Madagascar ne survit que grâce à un système d’assistance internationale mis en place par les Nations Unies pour apporter les secours nécessaires aux populations victimes de la famine et se débattant dans des conditions de déchéance totale.

A l’exception de quelques concessions agricoles prospères mais exploitées par des étrangers, l’agriculture vivote et l’exode rural s’amplifie. Les petites activités de survie de type artisanal ainsi que le petit commerce prolifèrent tout en perpétuant la situation de précarité des personnes qui en dépendent. La croissance urbaine non maîtrisée, du fait de l’exode rural, aggravée par l’insuffisance des infrastructures et l’absence de moyens humains et financiers des services municipaux, entraîne la ruralisation des villes et la dégradation plus poussée des campagnes.

Le processus démocratique est totalement bloqué. Un Etat répressif s’installe avec censure de la presse, développement de la corruption, du népotisme, de la discrimination sur une base ethnique et du clanisme. La décentralisation aboutit à la constitution de régions économiques pouvant avoir des liens directs avec l’extérieur, bien que fermées entre elles.

La croissance démographique non contenue propulse l’effectif de la population à environ 51 millions en l’an 2030. L’accélération de la baisse du PIB par tête d’habitant et une distribution inéquitable des revenus étendent la famille jusqu’aux zones pourtant naguère excédentaires en production vivrière.

Une minorité « d’élites » assimilant mal une culture et un modèle de vie étrangers soucieuses de préserver les avantages acquis monopolise l’appareil d’Etat aussi bien que l’information et les innovations technologiques provenant des pays industrialisés.

L’Etat n’assure qu’un minimum de services de base pour maintenir un semblant « d’ordre social ». L’insécurité est généralisée tandis que l’accès aux services sociaux (santé, éducation, logement,…) est de plus en plus difficile et discriminatoire.

Dans le domaine de l’environnement, Madagascar mérite de plus en plus son étiquette « d’île rouge » du fait de l’érosion massive des sols entraînée par l’extension des feux de brousse et de la déforestation. La plupart des parcs nationaux sont gérés directement par les étrangers qui y développent des activités liées au tourisme. Certains gouvernements continueront leurs transactions avec des sociétés illicites pour transformer Madagascar et ses eaux territoriales en dépotoir de déchets toxiques, au grand dam de nos voisins de l’Océan Indien.

Dans ce scénario catastrophe, en l’an 2030, le Malgache aura perdu son identité et sa fierté. Le pays aura été dépouillé de ses richesses naturelles et de son patrimoine culturel et la population sera réduite à ne se battre que pour sa survie.

Le boutre n’arrivera donc pas à bon port en l’an 2030, car il aura continué à subir la loi de son remorqueur avec comme conséquences (i) l’enrichissement d’une poignée de ses passagers du fait de leur connivence avec l’équipage du navire étranger, (ii) l’injustice sociale, (iii) la perte d’identité, l’acculturation et la disparition de son patrimoine culturel…

3. LE SCENARIO III « La Goélette »

Le troisième scénario se définit par la combinaison suivante : l’émergence d’une nouvelle donne favorable en matière de gouvernance dans un environnement économique international marqué par la mondialisation.

Ce scénario correspond à l’image d’une goélette qui arriver à redresser la barre nonobstant les conditions difficiles dues à la faiblesse des moyens initiaux à sa disposition et à l’hostilité de la nature. En effet, l’équipage arrive à mieux prévoir et à traverser les intempéries, à faire face à toutes les difficultés et à se frayer un meilleur itinéraire conduisant à bon port en 2030 grâce aux atouts suivants : entente parfaite au sein de l’équipage, adhésion de tous à la réalisation des objectifs communs, esprit de responsabilité et compétence dans le maniement des instruments de bord. Ce scénario se déroule en trois séquences : la première correspond à la période (1996-2000), la seconde allant de 2001 à 2010 et la troisième de 2011 à 2030.

La première séquence (1996-2000) donne l’image d’une goélette dont l’équipage se mobilise et rassemble dans l’enthousiasme tous les moyens nécessaires pour assurer une bonne préparation du voyage.

Ainsi, conscients des difficultés économiques, financières et sociales du moment et animés d’un sens patriotique élevé, les dirigeants politiques parviennent à aplanir leurs divergences, à conjuguer leurs efforts et leur savoir-faire, pour concevoir et mettre en œuvre un programme cohérent de redressement qui entraîne l’adhésion enthousiaste de toutes les couches de la population.

En effet, l’absence de solidarité et de coordination symbolisée par le concept « Samy mandeha, samy mitady » (politique du chacun pour soi) et le syndrome « Ikotofesty sy Imahaka » (tendance systématique à « truander l’autre » auront peu à peu disparu grâce à l’adoption et au respect par tous les citoyens d’un pacte social visant notamment la réalisation des objectifs suivants :

- un citoyen épanoui et responsable ;

- une économie libérale et prospère ;

- une Administration de développement tenue par l’obligation de résultats ;

- des relations de confiance entre l’Etat et les citoyens ;

- une société solidaire fondée sur le respect d’un système de valeurs communes.

Ainsi, le processus démocratique se poursuit grâce, d’une part à l’organisation dans la transparence de toutes les élections prévues conduisant à l’installation d’une nouvelle classe dirigeante, compétente et patriote, et d’autre part, à la réussite de la décentralisation conduisant à la responsabilisation des collectivités de base et à la participation de la population aux efforts de développement. Les négociations avec les Institutions de Bretton Woods préparées de façon professionnelle par des cadres compétents et patriotes aboutissent, avec la prise en considération des intérêts du pays, y compris la nécessité de concentration des efforts d’ajustement sur la promotion des ressources humaines et l’exploitation optimale de nos potentialités. Par ailleurs, grâce à des actions de mobilisation sociale, les populations supportent mieux la discipline individuelle et collective ainsi que les sacrifices que requiert le redressement économique et financier du pays.

Les réformes et ces mesures visent notamment à :

- mieux définir le rôle de l’Etat pour qu’il concentre ses interventions dans la fourniture des services de base et l’animation de la vie économique ;

- restaurer la sécurité aussi bien en ville qu’à la campagne ;

- mettre en place les conditions propices à la dynamisation du secteur privé ;

- restaurer les équilibres macro-économiques ;

- motiver les agents de la Fonction publique, restructurer l’administration et en faire une Administration de développement tenue par l’obligation de résultats ;

- mettre l’accent sur l’investissement dans le capital humain, facteur et finalité de développement et ce en particulier à travers la réforme du système d’éducation à tous les niveaux et la dotation en moyens conséquents ;

- renforcer les activités de recherche de façon à tirer le maximum d’avantages de l’émergence de nouvelles technologies et à valoriser notre savoir-faire traditionnel.

En dépit de l’emprise de la mondialisation, qui a pour conséquences d’accentuer notre handicap dans nos relations commerciales avec l’extérieur, Madagascar arrive à promouvoir l’exportation de ses produits de base et à trouver les meilleurs marchés pour ses importations.

Par ailleurs, la volonté politique des dirigeants à s’engager dans la voie des réformes ainsi que leur sérieux et leur détermination à mettre en œuvre le programme de redressement permettent au pays de retrouver sa crédibilité auprès des bailleurs de fonds et d’obtenir des concours techniques et financiers plus importants.

La conjugaison des facteurs internes favorables et la disponibilité des bailleurs de fonds à appuyer nos propres efforts mettent Madagascar en mesure d’affronter la mondialisation de l’économie. Le taux de croissance du PIB avoisine les 6%, renversant ainsi la tendance de la dégradation de la situation économique et financière du pays et entraînant une amélioration sensible des conditions de vie de la population.

Telle est la situation du pays à la fin de ce 20ème siècle dont l’image est celle de la goélette bravant les intempéries et poursuivant sa route.

La deuxième séquence (2001-2010) voit la goélette trouver le meilleur itinéraire et accélérer sa progression vers sa destination finale. Ainsi les difficultés rencontrées au cours de la période précédente dans la mise en œuvre des mesures et des réformes auront été aplanies et le pays s’engage résolument dans l’application de son programme de redressement et de consolidation de la croissance.

Sur le plan politique, les anciennes pratiques liées au clientélisme politique, au népotisme, au clanisme, et à la discrimination ethnique auront peu à peu disparues. La proportion des femmes assumant des responsabilités importantes dans les différents rouages de l’appareil de l’Etat aura doublé au moins. La nomination aux postes de direction des services publics ou des sociétés para-publiques se fait exclusivement en fonction des critères de compétence, d’intégrité et de patriotisme.

Sur le plan économique, les réformes ont commencé à donner des résultats positifs et se poursuivent en mettant l’accent sur le développement de l’épargne nationale et la diversification de la production. L’amélioration de la productivité et de la qualité des produits ainsi que le strict respect des clauses des contrats commerciaux (notamment celles relatives à la régularité des livraisons) concourent à la promotion de l’exportation. La poursuite des efforts de restauration des infrastructures socio-économiques et des parcs nationaux et autres sites environnementaux a permis, d’une part le développement du tourisme (devenu entre temps, la deuxième activité économique du pays), en termes de rentrée de devises, et d’autre part le désenclavement de certaines régions permettant ainsi la libre circulation des personnes et des biens.

Enfin la réforme du système financier aura abouti notamment à la mise en place de banques de développement fiables et de mutuelles de crédit permettant le financement judicieux des investissements, en vue de dynamiser l’appareil productif dans tous les secteurs.

Sur le plan social, les tendances à la déscolarisation et à la déperdition scolaire ainsi qu’au recul de l’alphabétisation des adultes auront été inversées. Avec l’appui du secteur privé et par le biais des Chambres de Commerce, des écoles techniques et commerciales existent dans toutes les grandes villes. Les Universités forment davantage de jeunes diplômés immédiatement opérationnels, répondant aux besoins du pays. En matière de santé, les hôpitaux assurent mieux leurs fonctions, et des industries pharmaceutiques sont créées. De même les résultats de la recherche dans le domaine médical ainsi que la poursuite des actions de sensibilisation et d’assainissement auront permis d’éradiquer les maladies endémiques comme le neuro-paludisme, la diarrhée, la peste et le choléra. L’amélioration du pouvoir d’achat des ménages leur permet de satisfaire dans de bonnes conditions leurs besoins en matière d’éducation des enfants, de santé primaire, de nourriture et de logement.

Sur le plan culturel, les actions de valorisation de notre patrimoine culturel et artistique amplifient le rayonnement du pays dans le concert des nations rehaussant ainsi la fierté des Malgaches. Des artistes malgaches sont de plus en plus sollicités à l’extérieur pour des productions et manifestations musicales et culturelles. Les linguistiques et les académiciens conjuguent leurs efforts pour l’épanouissement de la langue nationale afin que celle-ci renforce son rôle d’outil de communication et de diffusion de connaissances et de facteur d’affermissement de l’unité nationale.

La fin de cette période (2001-2010) voit (i) le renforcement de la confiance entre l’Etat et les citoyens, (ii) une plus grande satisfaction des besoins fondamentaux de la population, (iii) la maîtrise de la croissance démographique permettant de contenir l’accroissement de la population à un taux inférieur à 2,9% et amenant son effectif à environ 20 millions d’habitants en l’an 2010, (iv) l’accroissement du PIB en termes réels à un taux moyen se rapprochant de 8% par an, et enfin (v) une atténuation très sensible de la pauvreté sur tous les plans.

La goélette « Madagascar » aura ainsi réussi, malgré les intempéries et les difficultés diverses, à poursuivre de façon sereine sa progression vers sa destination finale.

La dernière séquence (2011-2030) : la goélette maintient le cap. Les acquis de la période précédente sont préservés et l’accent est mis sur le renforcement des actions visant à l’instauration d’un système d’éducation performant à tous les niveaux. Ainsi, en ce qui concerne particulièrement les Universités, l’amélioration de la qualité de l’enseignement fait en sorte que des études universitaires ou post-universitaires à l’étranger ne sont plus le passage obligé pour avoir une bonne formation , et jouir du prestige donnant droit à un poste de responsabilité aussi bien au niveau de la Fonction Publique que du secteur privé. Des ressortissants étrangers désirent même poursuivre leurs études dans les universités et centres de formation de Madagascar. Par ailleurs, les cadres malgaches ayant effectué leurs études sur place parlent couramment non seulement le malgache mais aussi le français et l’anglais.

 

Sur le plan économique – (i) la poursuite des actions de la dynamisation des différents secteurs de la production, de la commercialisation et des services avec la participation accrue des opérateurs privés nationaux, (ii) la mise en place des conditions propices au développement de l’épargne nationale aboutissant à l’augmentation des ressources nécessaires au financement des investissements, (iii) la stabilité politique et la sécurité retrouvée, (iv) l’existence d’un cadre juridique simple, fiable et transparent, permettant de mieux clarifier les règles du jeu et sécurisant les investissements étrangers – garantissent un rythme de croissance économique (10% en moyenne annuelle) soutenue et durable.

 

La poursuite des activités relatives au planning familial a porté ses fruits et l’effectif de la population se situe aux environs de 37 millions d’habitants. Le pouvoir d’achat des ménages est nettement amélioré et l’accès aux services sociaux de base s’élargit.

 

En ce qui concerne l’environnement, le renforcement des actions d’éducation civique et de mobilisation sociale, l’organisation de grandes opérations de reboisement national permettent à Madagascar de recouvrer son cachet originel « d’île verte ».

 

En l’an 2030, la goélette arrive à bon port grâce aux performances de son équipage qui a su faire face à l’hostilité de la nature et aux embûches diverses. Le pays aura recouvré sa dignité. Les objectifs du Développement Humain Durable sont presque entièrement atteints et Madagascar jouit de l’estime et de l’admiration de la Communauté internationale.

 

C. « MADAGASCAR : VISION 2030 »

 

L’examen conjoint des trois scénarii et des aspirations nationales conduit à la formulation d’une vision de Madagascar en l’an 2030 qui combine les images représentatives des premier et troisième scénarios. Cette vision de Madagascar à l’horizon 2030 se présente alors comme suit :

 

Madagascar, pays dynamique et prospère, grenier de l’Océan Indien.

 

Exemple frappant de potentiel mal exploité jusqu’à la première moitié des années 90, Madagascar devient en 2030 un pays prospère grâce au dynamisme et à la volonté de ses dirigeants et de ses citoyens qui ont su tirer le meilleur parti des ressources humaines, physiques, végétales et spatiales du pays. Le pays fait fonction de grenier de l’Océan Indien à partir de la mise en valeur de ses immenses terres arables pour la production de denrées alimentaires nourrissant les pays voisins.

 

Madagascar : pays bien gouverné, un modèle de développement et de démocratie.

 

Grâce à la poursuite, dans de bonnes conditions, du processus démocratique, l’Etat de droit s’ancre en l’an 2030. Cette bonne gouvernance résulte de diverses actions entreprises pour favoriser (i) l’effectivité de la démocratie, (ii) l’efficacité des interventions de l’Etat dans la fourniture de services sociaux de base et dans l’animation économique, (iii) l’émergence d’une société civile forte et dynamique et d’une presse indépendante et professionnelle et enfin (iv) la capacité de l’Administration à assurer d’une manière efficiente le service public, la sécurité et la promotion des actions de développement.

 

Madagascar, phare culturel régional, plaque tournante de l’Océan Indien où règnent la tolérance, le Fihavanana et l’esprit de solidarité.

 

Les actions entreprises pour la restauration et la valorisation de son patrimoine culturel et artistique, la réhabilitation et la création des infrastructures de transport, de communication, de télécommunication, … la promotion des activités touristiques, l’édification d’une société ouverte sur le monde extérieur régie par un système de valeurs dont en particulier la tolérance, le fihavanana et l’esprit de solidarité, auront porté leurs fruits en l’an 2030 faisant de Madagascar un pays rayonnant de ses richesses culturelles et de ses atouts touristiques, et admiré pour ses valeurs traditionnelles.

 

Une société harmonieuse, des Malgaches fiers et riches de leur diversité.

 

La reconnaissance et la valorisation des spécificités culturelles da chaque région, la mise en place de conditions propices permettant à chaque collectivité d’apporter, selon ses spécialités, sa contribution au progrès national, le développement des échanges entre les différentes régions du pays, la restauration de la confiance réciproque entre les diverses composantes de la Nation auront permis à Madagascar, en l’an 2030, l’édification d’une société harmonieuse et unie dans sa diversité, au sein de laquelle les Malgaches sont fiers de leur identité et de leur pays.

 

Madagascar redevenue l’Île verte et propre et le sanctuaire d’une biodiversité régénérée.

 

La réconciliation de l’homme avec la nature aura permis à Madagascar, de régénérer sa biodiversité laquelle est unique en son genre dans le monde. Toute forme d’exploitation non durable de ses ressources naturelles aura été bannie et le pays aura retrouvé sa verdure grâce aux efforts de restauration de ses parcs nationaux, d’aménagement de nouveaux espaces verts et de reboisement intensif avec la participation volontaire et responsable de la population. La mise en place d’un cadre juridique approprié et à la prise de mesures adéquates auront contribué à la prévention de toute forme de pollution. Quant aux villes, elles seront dotées de toutes les infrastructures nécessaires, et les règles de propreté et d’hygiène procèdent d’une discipline individuelle et collective inculquée à tout citadin grâce des actions d’éducation civique. >>

 

Fin de l’extrait

 

MADAGASCAR FACE AU PARCOURS DU COMBATTANT DE L’INITIATIVE PPTE (DMD n°700 du 12/10/00).

 

C’est à un authentique parcours du combattant que Madagascar doit faire face afin de bénéficier d’un allégement d’au moins 50% de l’encours de sa dette extérieure par le biais de l’initiative PPTE ou Pays Pauvres Très Endettés.

 

A la réunion annuelle du FMI et de la banque mondiale à Prague, la Grande Île, à l’instar des pays au sud du Sahara s’est battue pour bénéficier de l’allégement de l’encours de la dette extérieure. Elle compte bien utiliser les ressources libérées pour réduire la pauvreté dans le pays.

Une mission du FMI discute en ce moment avec les autorités malgaches afin d’établir un rapport qui sera soumis aux conseils des gouverneurs des institutions de Bretton Woods dans cette deuxième moitié d’octobre. Une autre mission est attendue en novembre pour définir les nouvelles conditions devant faire de Madagascar, pour trois ans, accéder à la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (Frpc). Si ces négociations progressent bien, on attend en revanche que les Conseils considèrent le document et prennent les décisions au début de 2001.


En effet, pour pouvoir bénéficier d’un allégement de sa dette, Madagascar doit passer un accord avec la Banque Mondiale et le FMI en vertu duquel, elle s’engage à entreprendre des réformes économiques puis à montrer qu’elle les met bien en œuvre. Si l’allégement de la dette n’est pas une fin en soi, il constitue un moyen d’atteindre un objectif lointain à savoir un développement réussi.

 

Le gouvernement a par conséquent intérêt à travailler pour bénéficier de l’initiative PPTE. Les dispositions de cette initiative offrent à Madagascar – qui applique déjà des programmes de réformes ambitieux – la possibilité de bénéficier d’un allégement important de la dette et de ce fait de faciliter la mise en œuvre de son plan d’action pour la réduction de la pauvreté. Du reste, le nouveau dispositif sur l’allégement de la dette a beaucoup évolué depuis le sommet du G7 à Cologne en 1999.

Madagascar, qui ne remplissait pas précisément le critère fiscal et le critère d’ouverture dans l’ancien dispositif, doit faire partie des pays potentiellement admissibles avec le nouveau dispositif renforcé. En effet, en 2000, d’après les données des institutions de Bretton Woods, le ratio VAN* /exportations s’établit dans le cas de Madagascar à 214% et sera encore supérieur à 200% en 2001 alors que le seuil de viabilité se situe à 150%.

De plus, pour Madagascar, le ratio VAN/recettes budgétaires dépasse 500% en 2000 et reste supérieur à 400% jusqu’en 2002, c’est-à-dire largement au-dessus du seuil de 250%.

 

Critère d’ouverture

Avec le nouveau dispositif, la Grande Ile remplit aussi le critère d’ouverture de 30% pour le ratio d’exportations/PIB, ce ratio est de 30,4% en 2001 et sa valeur devrait croître progressivement au cours des années à venir.

En plus des mesures énergiques engagées dans le cadre des programmes d’ajustement et qui sont à l’origine des bons résultats acquis depuis 1997, le gouvernement prend actuellement de nouvelles mesures de réformes encore plus courageuses. Le programme de privatisation entre dans sa seconde phase. L’an 2000 voit l’accomplissement des premières démarches nécessaires et décisives en vue de la réforme du service public. Madagascar continue à mettre en place un dispositif fiscal en faveur de l’ouverture progressive de l’économie. Autant d’efforts pour accélérer le processus et rapprocher la date d’éligibilité du pays à l’initiative PPTE dès 2000 pour pouvoir bénéficier de l’allégement de plus de 50% de l’encours de sa dette en 2001.

Les prévisions des institutions de Bretton Woods et du Club de Paris révèlent que Madagascar doit bénéficier dès 2001 d’une réduction de près de 52% de sa dette qui pourrait ainsi subir une coupe de près de 1 500 millions US$. L’encours de la dette malgache passera alors de près de 2 776 millions US$ en 2000 à 1 315 millions US$ au lieu de 2 800 millions US$ si la dette n’est pas réduite. La VAN représentera 107% des recettes d’exportations et 250% des recettes budgétaires de l’Etat attendues en 2001 au lieu de 202% et 472% respectivement dans le cas où il n’y aurait pas d’allégement.

D’un autre côté, l’allégement de la dette permettra de desserrer la contrainte extérieure en réduisant la vulnérabilité de l’économie nationale face aux chocs extérieurs pouvant entraîner un fléchissement brusque ou prolongé des recettes d’exportations, un des risques majeurs encourus par les pays dépendant de l’exportation de produits primaires.

En effet, il est prévu que la vanille, le girofle, le poivre et les crustacés représenteront encore le gros des exportations de la Grande Ile jusque dans les années 2005-2007.

L’allégement escompté réduit les risques de cessation de paiement en cas de rupture sur les cours.

Par ailleurs, avec des obligations de services plus bas, le secteur public sera en mesure de consacrer la majeure partie de ces ressources aux dépenses dans les domaines prioritaires : éducation, santé, eau et infrastructures.

* La valeur actuelle nette (VAN) de la dette est par définition la somme actualisée des flux futurs (remboursement du principal et paiement d’intérêts) où chaque flux est actualisé au taux d’intérêt du marché. La VAN est une mesure du stock de la dette censée tenir compte du degré de concessionnalité des emprunts. Les deux principaux ratios de viabilité sont le ratio VAN/Exportations qui mesure la capacité de l’économie a faire face aux engagements extérieurs grace au regard des moyens de paiements internationaux qu’elle peut mobiliser et le ratio VAN/Recettes budgétaires qui mesure la capacité de l’Etat à faire face à ses engagements extérieurs à l’aide de ses propres ressources. Les critères d’éligibilité sont basés sur le degré d’ouverture et la pression fiscale. En réalité, le critère fiscal utilise le ratio VAN/Recettes budgétaires mais compte tenu du poids des recettes fiscales dans l’ensemble des recettes budgétaires, il est possible de dire que la base du critère est en fin de compte, la pression fiscale. Le critère fiscal est basé sur la valeur du ratio Recettes budgétaires/PIB qui évalue le montant des ressources que l’Etat peut dégager. Le critère d’ouverture est fondé sur la valeur du ratio Exportations/PIB qui mesure le degré d’ouverture de l’économie et la proportion de devises que le pays peut mobiliser en vue des engagements extérieurs.